Elle était dans sa chambre, un peu de musique en fond, elle s'imaginait devant eux, devant lui. Droite comme un piquet, elle ne voulait rien montrer, sa bouche fermée, sa mâchoire légèrement tremblante, ses dents serrés sur sa langue. Elle voulait que le muscle se déchire, elle voulait avoir du sang dans la bouche, mais elle n'y parvint pas, elle ne pleurait pas. Alors elle continua d'imaginer. Lui, avait remarqué, il avait vu qu'elle vérifiait ce que c'était ce goût étrange dans sa bouche, il avait compris que c'était du sang. Il connaissait ce mal.
Il lui dit que la blessure se refermerait rapidement et le lien était tissé.

Elle s'assit sur son lit, tout le monde avait disparu, il n'y avait plus qu'elle, plus qu'elle et lui. Il lui proposa une cigarette, mais elle ne fumait pas, il lui demanda si la blessure s'était refermée, c'était le cas. Puis, elle ne sait plus comment, tout partit. Elle entama son monologue, elle lui dit qu'elle se sentait seule, qu'elle n'arrivait plus à trouver quelqu'un à qui parler, quelqu'un qui la comprendrait à demi-mot, elle lui dit qu'elle était toujours comme avant, qu'elle était toujours plus amie avec les gens que les gens ne l'étaient avec elle. Rien n'avait changé finalement, depuis des années. Elle lui dit qu'elle ne savait plus comment on faisait pour être heureux, elle lui dit qu'elle se perdait dans ses rêves et que même là, elle n'était plus heureuse. Elle lui dit qu'elle était perdue. Elle pleurait. Elle pleurait.

Les larmes cessèrent de couler au bout d'un moment, elle n'avait plus la force d'être en colère. Il avait disparu, mais au moins lui, aussi fictif pouvait-il être, il avait su l'écouter.
Elle se tourna vers sa gauche et regarda le poster sur le mur, et des mots s'échappèrent.

"J'aimerais être comme toi Marilyn...  Morte."